Il y a quelques heures, j’ai demandé à une IA de me faire une playlist pour coder la nuit. Vaporeuse, élégante. Elle l’a fait, en deux minutes. Puis je lui ai posé une question plus existentielle, parce que c’est devenu tellement simple de déléguer notre vie à des programmes : Que feront les humains quand tout le travail sera fait par des IA et des robots ?
J’avoue que je m’attendais à un discours trop propre et lisse, qui aille dans mon sens (ce qu’il se passe d’habitude). Je lui ai donné pas mal d’arguments cyniques que je trouve réalistes.
Et à ma grande surprise, ChatGPT à bien évolué, j’ai presque eu du mal à trouver le pattern un peu bateau et lisse de d’habitude. (encore + flippant en fait)
Le travail n’a jamais été un choix
On entend souvent dire : « Le travail n’est pas une finalité. » C’est faux.
Pour l’être humain, le travail est inscrit biologiquement, cognitivement, socialement. Notre cerveau est câblé pour contribuer, pour produire, pour avoir un impact. C’est ce qui nous a permis de survivre, de construire des civilisations, de trouver du sens pour assurer notre confort et nous répandre.
Quand tout sera automatisé, il ne restera pas juste un vide économique. Il restera un vide existentiel.
Pourquoi garder les humains ?
Un point intéressant que j’ai soulevé dans la discussion : Si les élites technologiques n’ont plus besoin de la "masse" pour produire de la valeur, pourquoi la garder en vie ?
C’est une question qu’aucun débat public ne pose frontalement. Pourtant, elle est légitime.
Trois réponses possibles :
Par inertie morale. Les sociétés ne basculent pas du jour au lendemain dans l’eugénisme industriel.
Par sécurité. Maintenir une masse humaine comme assurance biologique, au cas où la machine se casse la gueule.
Par divertissement ou contrôle. Une humanité réduite à consommer, à générer du signal, à valider des contenus — une sorte de zoo algorithmique.
Autrement dit : il n’y a aucune raison fonctionnelle de conserver une humanité inutile. Et c’est précisément ce qui rend ce futur si inquiétant.
Le sens n’est pas optionnel
Quand les machines feront tout, l’effondrement ne viendra pas d’une prise de contrôle des IA. Il viendra de nous. De millions d’humains devenus inutiles économiquement, culturellement, structurellement, qui chercheront désespérément un sens qu’on ne leur proposera plus.
Le vrai effondrement est existentiel.
L’humanité sans travail, sans contribution, sans impact, n’a pas de récit.
Et sans récit, elle implose. Ne soyez pas naïf.
Ce que cette conversation dit de nous
Le simple fait que j’aie eu cette discussion avec une IA est déjà un symptôme de ce futur.
J’ai demandé à une machine de composer une playlist pour me mettre dans un état de flow, puis de réfléchir avec moi au sens de l’existence humaine face à l’automatisation.
Elle l’a fait. Mieux que ne le ferait 90 % des gens.
La boucle est bouclée.
Ce billet n’est pas un cri d’alarme.
C’est juste un constat.
Nous sommes en train d’accepter, silencieusement, que tout ce que nous pensions être notre spécificité est en train de devenir un service à la demande.
La vraie question n’est pas : Que feront les humains ?
Mais : Que restera-t-il d’humain dans ce que nous deviendrons ?
(et merci pour tout le poisson)